Le 9 juin, le Premier ministre kazakh Orzas Bektonov a rencontré Liu Yongxing, président du China Eastern Hope Group, et les deux parties ont officiellement finalisé un projet de parc industriel vertical intégré pour l'aluminium, doté d'un investissement total de 12 milliards de dollars américains. Ce projet, axé sur l'économie circulaire, couvrira l'ensemble de la chaîne industrielle : extraction de la bauxite, raffinage de l'alumine, fusion électrolytique de l'aluminium et transformation en profondeur haut de gamme. Il sera également équipé d'une centrale de production d'énergie renouvelable de 3 GW, visant à construire la première base de production en circuit fermé d'« aluminium zéro carbone » au monde, de l'extraction à la production de produits à haute valeur ajoutée.
Points saillants du projet :
Équilibrer l’échelle et la technologie :La première phase du projet permettra de construire une usine d'alumine d'une capacité de production annuelle de 2 millions de tonnes et une usine d'aluminium électrolytique d'un million de tonnes, utilisant une technologie métallurgique propre de pointe au niveau international et réduisant l'intensité des émissions de carbone de plus de 40 % par rapport aux procédés traditionnels.
Propulsé par l'énergie verte :La capacité installée d'énergies renouvelables, comme l'éolien, atteint 3 gigawatts, ce qui permet de couvrir 80 % de la demande d'électricité du parc. Ce parc est directement conforme aux normes du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) de l'UE et exporte ses produits vers le marché européen sans payer de droits de douane élevés sur le carbone.
Emploi et valorisation industrielle :Il est prévu de créer plus de 10 000 emplois locaux et de s’engager dans des programmes de transfert de technologie et de formation des employés pour aider le Kazakhstan à passer d’un « pays exportateur de ressources » à une « économie manufacturière ».
Profondeur stratégique :résonance industrielle de la coopération Chine-Kazakhstan « Ceinture et Route »
Cette coopération ne se résume pas à un investissement dans un projet unique, mais reflète également le lien profond entre la Chine et le Kazakhstan en matière de complémentarité des ressources et de sécurité de la chaîne d’approvisionnement.
Emplacement de la ressource :Les réserves prouvées de bauxite du Kazakhstan figurent parmi les cinq premières mondiales, et le prix de l'électricité y est seulement un tiers inférieur à celui des zones côtières chinoises. Bénéficiant des avantages géographiques du pôle de transport terrestre « la Ceinture et la Route », le Kazakhstan peut rayonner sur les marchés de l'UE, de l'Asie centrale et de la Chine.
Modernisation industrielle :Le projet introduit des liens vers des traitements profonds des métaux (tels que l'automobile)plaques d'aluminiumet les matériaux en aluminium pour l'aviation) pour combler le vide dans l'industrie manufacturière du Kazakhstan et promouvoir une augmentation de 30 à 50 % de la valeur ajoutée de ses exportations de métaux non ferreux.
Diplomatie verte :En regroupant les énergies renouvelables et les technologies à faible émission de carbone, la voix des entreprises chinoises dans l’industrie mondiale des métaux verts est encore renforcée, formant une protection stratégique contre les « barrières vertes » de l’Europe et de l’Amérique.
Remaniement de l'industrie mondiale de l'aluminium : le « nouveau paradigme pour l'internationalisation » des entreprises chinoises
Cette initiative du groupe Dongfang Hope marque un bond en avant pour les entreprises chinoises d'aluminium, passant d'une production de capacité à une production de norme technique.
Éviter les risques commerciaux :L'UE prévoit d'augmenter la proportion d'importations d'« aluminium vert » à 60 % d'ici 2030. Ce projet peut contourner les barrières commerciales traditionnelles grâce à une production localisée et s'intégrer directement dans la chaîne industrielle européenne des véhicules à énergie nouvelle (comme l'usine Tesla de Berlin).
Boucle fermée de toute la chaîne industrielle :Mise en place d'un système triangulaire « Marché UE-Technologies minières kazakhes-chinoises » afin de réduire les risques logistiques et politiques. On estime que le projet permettra de réduire les émissions de carbone liées au transport longue distance d'environ 1,2 million de tonnes par an une fois la capacité de production atteinte.
Effet de synergie :Les secteurs du photovoltaïque et du silicium polycristallin du groupe peuvent former un lien avec l'industrie de l'aluminium, par exemple en utilisant les ressources solaires du Kazakhstan pour construire des centrales photovoltaïques, réduisant ainsi davantage le coût de consommation énergétique de l'aluminium électrolytique.
Défis futurs et impacts sur l'industrie
Malgré les grandes perspectives du projet, de nombreux défis restent à relever.
Risque géopolitique : les États-Unis et l’Europe intensifient leurs efforts pour « dé-siniser les principales chaînes d’approvisionnement en minéraux », et le Kazakhstan, en tant que membre de l’Union économique eurasienne dirigée par la Russie, pourrait être confronté à des pressions occidentales.
Localisation des technologies : l'assise industrielle de Harbin est fragile et la production de matériaux en aluminium haut de gamme nécessite une adaptation technique à long terme. Le principal défi pour Dongfang, qui s'est engagé à augmenter la proportion d'employés locaux (avec un objectif de 70 % d'ici cinq ans), constituera un test crucial.
Préoccupations liées à la surcapacité : le taux d'utilisation mondial des capacités de production d'aluminium électrolytique est tombé sous la barre des 65 %, mais la croissance annuelle de la demande d'aluminium vert dépasse 25 %. Ce projet devrait ouvrir un marché « océan bleu » grâce à un positionnement différencié (bas carbone, haut de gamme).
Date de publication : 17 juin 2025